Musique imaginaire

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Préambule

 

L’analyse musicale académique s’appuie sur une partition, papier couvert de graphismes qui sont les signes d’un code, le solfège. Le solfège permet d'identifier notes et rythmes et de consigner une instrumentation.

Le système de la musique occidentale, dite « musique classique », a offert un large champ de créativité aux compositeurs issus de cette culture. Ils ont investi ce champ dès la Renaissance, et ils l'exploitent encore de nos jours. Retenons trois aspects fondamentaux :

La perfection de la lutherie, dont l'art accompli a produit des instruments aux jeux précis, divers et complémentaires (bois, cuivres, cordes, percussions).

La normalisation de l'écriture, par détermination d'échelles de hauteur de sons et par synchronisation sur quelques rythmes simples ; ce qui permet à l'orchestre de jouer harmonieusement et en mesure, grâce à une partition simple ou savante qui planifie une sorte de division scientifique du travail des interprètes.

Le statut de la musique en tant qu'art autonome, pouvant exister indépendamment des rites religieux, du théâtre, et même de la danse.

L'écriture de la musique sur une partition a permis de séparer la phase de création musicale de la phase d'exécution par des musiciens. D'abord ce progrès a libéré le génie du compositeur des contingences matérielles de mise à disposition permanente d'un orchestre. Ensuite, avant l'invention de l'enregistrement, il a autorisé la perpétuation de son oeuvre pendant les siècles suivants.

Deux phénomènes contemporains nous ont conduit à repenser notre écoute de la musique et notre langage musical :

La mondialisation de la culture nous fait découvrir d'autres musiques (que notre européocentrisme nous fait appeler «extra européennes ») ; ces musiques transmettent leur force d'évocation par des voies indescriptibles par le solfège et l’analyse classique : nuances tonales et timbrales, richesse rythmique, expression spontanée.

La possibilité technique de synthèse sonore électroacoustique, avec ses nouvelles ressources : stockage (d'abord bandes magnétiques, maintenant supports numériques), montage (mixage, couper-coller, édition), filtrage dynamique, synthèses algorithmiques, automatisation (logiciel) ; ainsi le champ d'expérience couvre toute l'étendue de l'audible, sans autre contrainte technique que la qualité du lieu d'écoute et la disponibilité des auditeurs.

Notre potentiel imaginaire musical est donc élargi. Nous proposons de remettre à jour sa topographie, d'identifier de nouveaux points de repère et de décrire les objets que nous y découvrons. Nous utiliserons cette connaissance par la suite pour mieux parler de la musique, et pour faire de la musique.

 

 

Musique imaginaire ISBN 978-2-9530118-0-7 copyright Charles-Edouard Platel

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